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L'Ethiopie



La première chose qui m'a frappé en Ethiopie fut la vie, aussi bien dans les villes que dans les campagnes. Les villes sont de véritables fourmilières, avec bien sûr des gens s'affairant, mais aussi des ânes, des moutons, des chèvres, des vaches. Dans les campagnes, entre les villages, des cohortes d'animaux et de paysans, viennent d'on ne sait où pour aller souvent au marché. Autre impression , le pays est un immense chantier, constructions d'immeubles ( à Addis Abeba), aménagement de routes ( qui étaient souvent des pistes de terre), pose de tout à l'égout... et tout cela avec le concours de la Chine. Dans ce pays se côtoient le Moyen Age et le XXIe siècle.




Le transport se fait à dos d'ânes...

,,, ou d'humain ( Ici une femme transportant un fagot fait de branches d'eucalyptus).

Construction (manuelle) d'un restaurant sur les hauteurs d'Addis Abeba, à l'altitude de 3000m ( Addis Abeba est à 2300m)




Dans le Tigré, il n'est pas rare de rencontrer des chameaux.

Ils transportent du sel qui vient du désert du Danakil ( situé à 150m au-dessous du niveau de la mer, où il peut faire plus de 50°)

Le Tigré est très sec et aride. On distribue de l'eau dans les maisons.

Sur un marché, entre le Lac Tana et la ville de Gondar




Cafetières ( jebena)

Teff ( la céréale locale servant à la confection de l'injera, galette fermentée)





Traditions éthiopiennes

Le café tient une place très importante dans la vie des Ethiopiens. La préparation et le service du café forment une véritable cérémonie. Nous avons vécu cette cérémonie dans différentes circonstances : chez l'habitant dans un village, lors d'une pause dans le transport, lors d'une randonnée, dans la rue ( petit bar improvisé, 30 c le café), ou lors d'une cérémonie préparée. Généralement elle se déroule de la façon suivante : 1. Des herbes ou des feuilles sont disposées au sol pour l'accueil des hôtes. 2. Les grains de café verts sont grillés, et remués, le feu est attisé à l'aide d'une feuille (1ère photo ci-dessous) C'est la torréfaction. En même temps on allume de l'encens. 3. Le café est écrasé à la main dans un mortier(2ème photo ci-dessous) . 4. Le café est ensuite versé dans un récipient, la jebena, contenant de l’eau, puis porté à ébullition sur un foyer au charbon de bois et y reste jusqu'à ce que de la fumée s'échappe de son bec . 5. On fait sentir le café, avec l'encens, aux hôtes qui doivent faire un geste pour attirer l'odeur vers eux. 6. La jebena est placée sur un petit rond, et on dispose un petit filtre en crin de cheval dans le petit bec de la jebena. 7. Le café est servi dans des tasses sans anse à environ 30 cm du plateau (2ème photo ci-dessous). 8. Le café est distribué aux hôtes, sucré ou non, agrémenté généralement de pop-corn ou de cacahouètes.




A part le café, les autres spécialités culinaires éthiopiennes sont l'injera et le tedj. L'injera est une galette faite de farine de teff et d'eau, que l'on fait fermenter à l'aide d'un liquide jaune clair nommé ersho. Après repos, elle a un goût légèrement acide. Elle est servie avec des sauces, et, des petits morceaux de viandes et de légumes. Le tedj est une boisson faite de miel et de bourgeons de gersho (une sorte de houblon), le tout étant fermenté. Il y a différentes teneurs en alcool. Il est traditionnellement servi dans une carafe ronde ronde appelée bérélé. Attention : comme l'hydromel, c'est doux, mais l'alcool y est.





Fabrication de l'injera ( ici agrémentée d'épices)

Le tedj, que nous avons consommé en nous essayant aux danses traditionnelles.

La religion en Ethiopie

La religion majoritaire de l'Ethiopie est l'Orthodoxie. C'était à l'origine l'un des premiers pays chrétiens, avec l'Arménie. Les premières églises datent du 4e siècle.

Aussitôt arrivé, j'ai été surpris. Croyant entendre le muezzin (il y a des Musulmans en Ethiopie), j'ai voulu m'en assurer auprès de notre guide, qui nous a dit que c'était l'office orthodoxe. En effet les offices sont diffusés par haut-parleur, et dans leur intégralité. Certains offices débutent à 5 h du matin et durent 2 h ( boules Quiès recommandées si votre hôtel est près d'une église). Autre étonnement : en Ethiopie on ne mange pas de porc ( d'après notre guide, c'est écrit dans la Bible !! On interprète les écrits comme on veut ). Pour entrer dans une église ( même très ancienne), on doit se déchausser. Les femmes doivent se couvrir la tête ( comme chez nous autrefois) et, dans certains endroits, elles ont une entrée différente de celle des hommes.

Autre chose surprenante : parfois, la religion se mélange à l'état. Ainsi, dans la cathédrale d'Addis Abeba, construite par Hailé Sélassié, il y a des fresques politiques. Certaines églises récentes sont recouvertes de tentures aux couleurs de l'Ethiopie. Lors de la fête religieuse du Timkat, les rues sont décorées aux couleurs du pays : vert, jaune et rouge.

Si vous voulez découvrir l'origine du christianisme en Ethiopie(et si vous avez le temps), voici un lien vers un film d'Arte de 52 min.

https://vodeus.tv/video/en-ethiopie-sur-les-traces-des-premiers-chretiens-81




Une église ancienne du Tigré (Medhane Alem Adi Kesho)

Décorations pour le Timkat, aux couleurs du pays.

Fresque politique dans la cathédrale.

LE TIMKAT

Le Timkat est la plus importante fête orthodoxe d'Ethiopie. Il commémore à la fois l'Epiphanie et le baptême du Christ dans le Jourdain. Il a été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO en décembre 2019. Nous avons donc assisté à la première depuis son inscription. Il se déroule chaque année le 19 janvier (le 20 les années bissextiles). C'est un jour férié. Tous les chrétiens portent à cette occasion des très jolis costumes à fond blanc avec des broderies. Beaucoup de touristes y assistent dans le ville de Gondar, autour du bassin de Fasilidès, mais ce n'est pas sans danger : les vols sont fréquents et, cette année, une tribune s'est effondrée, faisant une dizaine de morts. Notre petit groupe de 4 (+1, le guide) a vécu la fête à Addis Abeba, où il y avait très peu de touristes. J'ai été sidéré par la ferveur des fidèles. Nous l'avons vécu en 2 étapes : le 19 après-midi, nous nous sommes rendus à une église près de l'hôtel pour assister à lune procession ; le 20 au matin nous avons assisté, sur l'hippodrome, à une gigantesque bénédiction ( réplique du baptême du Christ) en même temps qu'à un office religieux, parmi des centaines de milliers de personnes.

Le 19 après-midi, la procession.




L'église a été décorée avec des oriflammes aux couleurs du pays.

Une gigantesque croix a été préparée ( toujours aux couleurs du pays). Elle ouvrira la procession.

Un tapis rouge est déployé. Il sera emprunté par la procession tout au long du parcours ( environ 3 km). Bien sûr on l'enroule après le passage du cortège, pour le redéployer devant.




Le tapis est constamment balayé par des dames ; Il sera absolument interdit de marcher dessus.

Le cortège se rassemble. Tous les participants (ici les enfants) ont revêtu de superbes costumes prêtés par l'Eglise.

Un religieux bénit le tapis avec de l'encens.




Le cortège se met en route : il est formé de nombreux groupes de tous âges.

Certains fidèles s'agenouillent et se prosternent au passage de la procession.




Un groupe tient sur l'épaule une canne de prières (le mäqwamya) et le cistre à la main ( on le voit pas ici).

Les jeunes chantent et sautent dans une grande ferveur ( certains jusqu'à l'épuisement)

Les cortèges des 7 églises du quartier, et les fidèles qui suivent, convergent vers un stade, qui, au fur et à mesure, devient noir de monde ( plutôt ici blanc de monde, au vu des costumes). Ces dizaines de milliers de personnes passeront la nuit dans ce stade.

Le 20 au matin, bénédiction et office religieux

Nous allons vers l'hippodrome, parmi une marée humaine invraisemblable, mais toujours bon enfant. L'hippodrome est noir de monde, et ça va et vient toute la matinée. Combien sont-ils ? Des dizaines de milliers ? des centaines de milliers. Certains parlent de près d'un million. Heureusement nous avons un badge qui nous permet d'avoir un accès au carré central, lieu de la cérémonie, parmi les religieux, les VIP, les medias.




Un bassin a été rempli d'eau

Au fond du bassin, l'image d'un palais

A l'extrémité du bassin, la statue de St Jean Baptiste baptisant le Christ.




Le patriarche bénit l' eau du bassin.

Pleut-il ? Non c'est la bénédiction ( du moins la réplique du baptême du Christ). La foule est exaltée ; j'ai même vu une femme en transe.

Des pompes et des jets ont été installés. Cela va durer des heures, jusqu'à ce que le bassin soit vide.




Dans l'après-midi, chaque cortège retourne dans son église, avec toujours autant de ferveur ( chants, danses et sauts)



L'une des balayeuses du tapis s'est arrêtée pour prier.

Le cortège s'achève toujours par les « tabots », répliques de l'Arche d'Alliance. Les écrits saints sont enveloppés dans des tissus chatoyants et portés sur la tête.

Les principaux objets de culte




Le tambour ; Les peaux sur lesquelles on frappe représentent l'Ancien et le Nouveau Testament ; entre les 2 figure le linceul qui a enveloppé le Christ.

Le mäqwamya ( canne de prières)

Le sistre

Voici des photos d'églises caractéristiques d'Ethiopie .




Lalibela : Le site de Lalibela , classé au patrimoine mondial de l'Unesco, rassemble 11 églises creusées dans la falaise, par le haut. Elles sont disposées en 2 groupes ( sud et nord) séparés par le Jourdain ( eh oui!) asséché en cette période, auxquels s'ajoute l'église St Georges ( photo du milieu). Peu de photos car les églises ont été recouvertes d'un toit afin de les protéger ( sauf St Georges). Ces églises ( surtout celles du groupe nord) sont reliées entre elles par un enchevêtrement de couloirs, de galeries, d'escaliers et de tunnels. Ces églises datent du début du 12e siècle, période du règne du roi Lalibela.




Eglise Dabra Birhan Sélassié, à Gondar, du 17e siècle, mais reconstruite au 19e sur un plan rectangulaire.

Non loin de Lalibela, l'église deYemrehanna Kristos est située dans la montagne, dans une grotte, cachée par un mur. Elle est construite avec des matériaux rapportés de Jérusalem, d'Egypte et de Syrie. Elle date du 12e siècle.







Eglises du Tigré : Kirkos à Wukro. La 1ère église date du 4e siècle, mais elle a en partie incendiée par la reine Gudit.


L'église Medhane Alem Adi Kasho, du 10e siècle. Pour y accéder, il faut grimper dans des rochers.








L'église Yohannes Maeqdi est enserrée entre d'étroites parois. Pour y accéder il faut compter 1 à 2 h de montée dans la falaise, parmi les rochers


La cathédrale Saint Georges d'Addis Abeba a été construite au 20e siècle à la demande du roi Halié Sélassié.


Richesses des églises

























Livre sacré très ancien.

Fresque de l'église Kirkos à Wukro, brûlée par la reine Gudit.



Fresque unique : la Sainte Vierge allaitant l'enfant Jésus

La Trinité

Angelots

L'enfer

GONDAR

La ville de Gondar est située au nord du Lac Tana. Au 17e siècle, le roi Fasilidas en a fait sa capitale,




L'immense palais du roi Fasilidas ( et de ses successeurs) est le lieu favori pour les photos de mariage.

Les bains de Fasilidas sont entourés d'un mur sur lequel poussent des arbres.




Les fêtes de Timkat vont se dérouler dans une semaine. A cette occasion, les bains de Fasilidas seront remplis de l'eau d'une rivière qui sera détournée. Ils seront envahis de milliers de fidèles, dont certains, après la bénédiction se jetteront dans le bassin ( et aussi de centaines de touristes)

Des gradins de fortune ont été dressés. Malheureusement, le 20 janvier, l'un d'eux s'écroulera, faisant une dizaine de morts.

Quelques beaux paysages caractéristiques du nord de l'Ethiopie




Le Lac Tana, d'une superficie de 3630 km2 est situé à une altitude de 1 800m. Il forme la source du Nil Bleu (la source étant l'un de ses affluents, le Gilgel Abbay. Il est parsemé de 37 îles, dont la moitié accueillent un monastère, généralement caché dans la végétation . On peut y voir des pêcheurs sur leur tankwa ( pirogue en papyrus). 36 km après la sortie du lac, le Nil Bleu franchit des chutes d'une quarantaine de km de haut, et d'une largeur variant selon la saison ( sur la photo, à la saison sèche, 400 m à la saison des pluies) avant de s'engager dans une percée de 900 km à travers les roches volcaniques, formant parfois des canyons gigantesques. Le Nil Bleu rejoint le Nil Blanc à Khartoum, au Soudan, pour former le Nil.





Paysage au nord du lac Tana, en allant vers Gondar

Paysages de la région de Lalibela.





Paysages du Tigré .

Autres pays